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DEUX DE TROUVÉES

— Si vous ne pouvez venir à quatre heures à la Cour, venez du moins chez moi, ce soir, prendre le thé. Ce que j’ai à vous dire est important, bien important pour vous, puisque j’ai découvert les parents de votre pupille.

— De mon pupille ! et la figure du docteur exprima une surprise si grande et si bien jouée, en même temps que ses yeux exprimaient pour le juge une si profonde reconnaissance, que le juge se sentit plus que payé des peines qu’il s’était données pour faire plaisir au docteur.

— Je suis trop heureux d’avoir fait cette découverte. Vous viendrez ce soir, n’est-ce pas ? je compte sur vous ; docteur, à sept heures.

— Huit heures et demi, vous conviendrait-il ? j’ai un malade à voir à huit heures précises.

— Eh bien ! à huit heures et demie, ça fera l’affaire.

Quoique la conversation, entre le juge et le docteur, eut été tenue voix basse, un nègre l’avait toute entendue, et il s’était retiré avant d’avoir été remarqué par le docteur, à ce qu’il crut ; mais il s’était trompé !

Le docteur Rivard suivit de l’œil le nègre, qui s’éloignait à grands pas, en se mêlant parmi la foule. Un léger froncement de sourcil contracta les plis de son front ; c’était un signe qu’il était fortement vexé, mais il rendit aussitôt à sa physionomie son expression de profonde tristesse, tellement que le juge ne s’aperçut de rien.

— Adieu, docteur, continua le juge. À huit heures et demie !

— Je n’y manquerai pas.