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UNE DE PERDUE

çaient que le riche héritier de l’immense fortune de M. Meunier était venu pour en prendre possession, annonçaient aussi sur une autre, qu’une mort prématurée avait enlevé à la société un de ses plus beaux ornements, dans la personne du capitaine Pierre de St. Luc, dont les qualités l’avaient rendu cher à tous ceux qui l’avaient connu.

Le deux novembre, vers midi, les cloches de la cathédrale sonnaient le glas du riche héritier ; le chœur et la nef de l’église, tendus de noir et éclairés par plus de quatre mille bougies, présentaient un lugubre contraste entre l’éclat du monde et les ténèbres de la mort. Au milieu de la grande allée, sur un catafalque élevé et recouvert d’un somptueux drap noir, sur lequel pleurent des larmes d’argent, repose le cercueil, dans lequel est enfermé le corps du noyé. Le clergé en surplis blancs, ayant le vénérable curé de la paroisse en tête, commence l’office des morts. Ces chants sacrés, qui se mêlent aux ronflements solennels de l’Orgue et s’élèvent dans les airs, inspirent un profond recueillement à l’immense foule qui assistait au service.

Un homme tout habillé de noir, est prosterné à genoux à quelques pas en arrière du catafalque et paraît plongé dans la plus amère douleur. Des larmes, abondantes s’échappent de ses yeux, il jette de profonds soupirs et se frappe la poitrine. Cet homme, c’est le docteur Rivard. !

Dans un banc, presqu’en face du docteur, il y a un autre homme aussi habillé de noir, qui regarde, avec un religieux sentiment d’admiration, la figure baignée de pleurs de l’inconsolable docteur. Cet homme comprend toute la douleur du docteur Ri-