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UNE DE PERDUE

Il était temps qu’il arrivât, car François, en reprenant connaissance, était sauté à l’improviste sur Tom, tandis que ce dernier retenait Léon, qui faisait tous ses efforts pour se débarrasser. François, de ses grandes mains osseuses, tenait Tom à la gorge et cherchait à l’étrangler. Tom avait été obligé de détacher une des mains de Léon, pour saisir François par les cheveux, qu’il réussit à amener sous lui. Malgré la force supérieure de Tom, il était évident qu’il ne pouvait soutenir longtemps ! Léon le mordait cruellement au bras et lui donnait des coups de pied dans le ventre ; François le serrait de plus en plus à la gorge. La figure de Tom bleunissait ; il sentait sa main perdre peu à peu sa force pour contenir Léon, qui redoublait ses efforts ; c’est alors qu’il lâcha le premier cri. À ce moment la mère Coco se relevait, encore à moitié étourdie ; elle chercha d’abord sa hache, mais ne la trouvant pas, elle courut à l’armoire prendre une de ces longues fourchettes à deux fourchons dont se servent les cuisiniers, et accourait pour en frapper Tom. Celui-ci en la voyant lâcha le second cri, qui amenait Trim à son secours.

Il ne fallut qu’un clin d’œil à Trim pour lui faire comprendre la position relative des combattants. Il se jeta à corps perdu sur la mère Coco, qui le frappa au bras gauche de sa longue fourchette ; Trim lui porta un coup de poing dans la figure et l’étendit raide sur le plancher. Sans prendre le temps de lui oter sa fourchette, il s’élance sur François, lui saisit les deux mains au poignet et les écarte comme il aurait fait de celles d’un enfant. François, en voyant sa proie lui échapper et se sentant au pouvoir du nègre, lâcha un cri de fureur et saisit entre ses dents l’oreille