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UNE DE PERDUE

l’abandonna. Il s’agita sur son lit, secoua, avec rage et désespoir les sangles qui l’attachaient, tous les muscles de son corps se tordaient sous les efforts prodigieux qu’il fit pour s’en débarrasser ; tout fut inutile.

Alors il lui sembla entendre les pas d’un homme en dehors de son cachot. L’espérance, cette dernière et suprême vertu qui soutient l’homme jusqu’à la mort, se ranima vivement dans son âme. Il pensa à Trim, qui peut-être le cherchait en ce moment ; il se mit à crier de toutes ses forces et à appeler au secours, puis il se mit à écouter attentivement. Le vent lui apporta l’écho des ricanements du docteur Rivard qui, malgré son flegme habituel, riait en entendant Pluchon lui raconter la superstitieuse frayeur de Léon. Ces ricanements raisonnèrent lugubrement aux oreilles de Pierre de St. Luc ; il redoubla ses cris cependant, ne perdant pas l’espoir que ce pouvait être quelqu’étranger qui finirait par l’entendre. Les ricanements cessèrent et le bruit d’une voiture qui s’éloignait rapidement ne lui laissa plus de doute qu’il ne devait pas attendre de secours de ce côté.

La tempête avait éclaté dans toute sa fureur ; le vent rugissait en s’engouffrant dans le soupirail ; les éclats du tonnerre se succédaient avec une rapidité et un fracas épouvantables ; tout le ciel était en feu, et une flamme immense, éblouissante, semblait envelopper la Nouvelle-Orléans et les campagnes environnantes dans un vaste brasier. L’intérieur du cachot était vivement éclairé.

Pierre de St. Luc avait cessé ses cris ; ses membres semblaient paralysés, son bras pendait à son côté ;