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UNE DE PERDUE

tres se lever de terre ou sortir du mur. Le premier novembre a toujours été considéré comme étant une nuit spécialement destinée aux morts et aux revenants. Il eut peur.

M. Pluchon, êtes-vous là ? dit Léon d’une voix sourde. Pluchon ne répondit pas. Un violent coup de tonnerre vint ébranler toute la maison.

M. Pluchon, pour l’amour de Dieu, je vous en prie, parlez…

Pluchon impatienté lâcha un énorme juron à Léon, en le traitant de bête.

— C’est bon comme ça, répondit Léon ; j’aime mieux que vous invectiviez contre moi que de ne pas vous entendre, quand je vois toutes ces croix qui dansent sur le mur.

Pluchon, ayant pris les allumettes des mains tremblantes de Léon, réussit enfin à allumer la chandelle. Avec la lumière le courage revint à Léon.

— Qu’avez-vous donc là, dans cette dame-jeanne, M. Pluchon ?

— Ne vous inquiétez pas. Où sont la mère Coco et François ?

— Maman est allée voir Jacob à la ville ; François dort en haut sur le canapé.

— C’est bien, il ne faut pas le réveiller. Montez avec moi, je veux voir votre prisonnier.

— Pas ce soir, s’il vous plaît ; je ne descendrais pas dans le cachot ce soir pour une fortune.

— Vous n’aurez pas besoin de descendre ; je ne veux pas descendre non plus, je veux seulement regarder du haut de la trappe.

— Oh ! si ce n’est que ça, on peut vous satisfaire, M. Pluchon.