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UNE DE PERDUE

raison, je pensai que c’était plutôt un signe de folie ; j’en parlai à M. Jérémie et depuis je n’y ai plus pensé.

— Et c’est tout ce que vous savez, M. Gaspard ?

— Oui, monsieur.

— C’est bien, vous pouvez vous retirer. Je crois, M. Charon, que nous ferions bien d’examiner les deux vieux livres attachés d’une ficelle et étiquetés No 278, dont parlent les régistres ; nous y trouverons peut-être quelque chose, qui pourra encore nous guider dans nos recherches.

Jérémie alla chercher les deux bouquins, couverts d’une si épaisse couche de poussière qu’on eut dit qu’ils n’avaient pas été touchés depuis vingt ans ; Jérémie, en soufflant sur la poussière, en fit un tel tourbillon que l’habit de M. Charon en fut tout couvert.

— Allons, M. Jérémie, ne pourriez-vous pas prendre plus de précaution, grommela le chef de l’Hospice, vous aveuglez M. le Juge.

— Pardon, votre honneur, je suis un benet et un maladroit !

Et le pauvre Jérémie, tout confus de sa mésaventure, prit son mouchoir pour en essuyer les bouquins ; après quoi il les présenta au juge, en lui faisant un profond salut.

Le juge ne put s’empêcher de sourire, malgré sa préoccupation, de la contenance penaude du portier. Il prit les livres, ouvrit l’un des volumes, après avoir placé l’autre sur une table qui se trouvait près de lui. Il feuilleta quelque temps et ne trouva rien, pas un nom d’écrit, pas une note, pas une seule écriture. Il le déposa sur la table d’un air contrarié,