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UNE DE PERDUE

et lui-même, l’enfant, ne prononça-t-il jamais d’autre nom que celui de Jérôme ?

— Jamais.

— Si fait, interposa ici Jérémie ; pardon, votre honneur, mais j’ai entendu dire à Gaspard le gardien, qu’il croyait que Jérôme, au lieu de montrer des signes de raison, en montrait au contraire de folie, et qu’il disait « qu’il savait bien son nom et qu’il ne s’appelait pas Jérôme. »

— Allez chercher Gaspard, M. Jérémie, lui dit le juge, si M. Charon n’a pas d’objection.

— Certainement.

« Sa mère était Léocadie Mousseau ! » répétait le juge vivement excité et se promenant de long en large dans le parloir, les deux mains derrière le dos. « Léocadie Mousseau… 1823… paroisse St. Martin ! »… Mais c’est étrange ; j’ai connu cette Léocadie Mousseau ; j’ai de vagues souvenirs ; mais non, ce n’est pas possible ?… ce serait extraordinaire !… cependant !…

Ici le juge fut interrompu dans ses réflexions par l’arrivée de Jérémie accompagné du gardien Gaspard.

— Si vous me le permettez, M. Charon, je désirerais faire quelques questions à M. Gaspard.

— Sans doute, tant qu’il vous plaira, répondit M. Charon en inclinant doucement la tête.

— Vous êtes un des gardiens de l’Hospice, monsieur ? dit le juge à Gaspard.

— Oui, monsieur.

— Que connaissez-vous du petit Jérôme ?

— Oh ! pas grand chose, si ce n’est que j’ai cru m’apercevoir dernièrement qu’il était plus gai que d’habitude.