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UNE DE PERDUE

bottes, ses chaussons et tout ce qu’il avait dans ses poches, sans le réveiller. Mais pour lui ôter ses pantalons, ils lui détachèrent une jambe ; alors le monsieur se réveilla, car de l’endroit où j’étais je vis ses yeux briller dans l’obscurité, comme deux charbons ardents. Il ne dit pas un mot et ses yeux brillaient toujours. J’eus peur et je criai à mes petits de prendre garde ; au même instant Jacob lâche un cri et alla tomber sans connaissance dans le fond du cachot. Le monstre lui avait cassé la cuisse d’un coup de pied ! Je cours au secours de Léon et nous parvînmes à nous emparer de la jambe du capitaine ; mais quelle peine ! bon dieu, il ruait comme un mulet. J’appelai vite François au secours, et François arriva justement à temps, car dans ses efforts le capitaine était parvenu à débarrasser un de ses bras. D’un coup de poing il me bloqua un œil et me fit, voler contre un billot sur lequel je me suis presque cassé le bras et démis l’épaule.

— Je vous l’avais bien dit, que c’était un rude compagnon !

— Rude ! ah oui, rude ! Et si François ne lui eut asséné un coup de bâton sur la tête, je ne sais vraiment si à nous trois, car le pauvre Jacob ne comptait plus, je ne sais, si nous en serions venu à bout, quoiqu’il n’eût qu’un bras et qu’une jambe de libres.

— Et après ?

— Et après, dame, après, nous l’avons attaché. Il saignait comme, un bœuf ; et il nous a fallu découdre la chemise et les autres hardes pour les ôter.

— Et pour le r’habiller ?

— Le r’habiller ! ah ! bien, en voilà une bonne ! allez donc lui détacher les bras pour le r’habiller,