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DEUX DE TROUVÉES

— Oui, mon enfant, si demain et après demain tu te rappelles bien ce que je viens de te faire répéter. À propos, je t’ai dit tout à l’heure que j’allais t’apprendre ton âge et ton nom et celui de ta mère, mais ce n’est pas moi qui te les ai appris, tu le savais avant moi ; c’est toi-même qui m’as dit tout ça, les premiers jours que tu es entré ici. Ne t’en rappelles-tu pas ?

— Non, je ne m’en rappelle pas.

— Tu ne t’en rappelles pas ? Eh bien, si tu ne t’en rappelles pas, je ne te donnerai pas de cheval de bois.

— Oui, oui, je m’en rappelle.

— Nous verrons ça demain.

Quelques temps après, le pauvre idiot fut reconduit à sa salle ; il courut dans un coin et il se mit à répéter à voix basse son âge, son nom et celui de sa mère, de peur de les oublier, tant il craignait de ne pas avoir son petit cheval de bois.

Le docteur Rivard retourna à son logis d’un pas leste et joyeux ; il avait mieux réussi qu’il n’avait osé l’espérer.

Si vous voulez maintenant entrer avec le docteur dans son cabinet, nous pourrons peut-être avoir une explication des motifs qui l’avaient fait agir ainsi, à l’Hospice des Aliénés.

Le docteur, en entrant dans son cabinet, en ferma la porte à clef, ouvrit une armoire et en retira la petite cassette de maroquin rouge qu’il déposa sur son bureau. Parmi plusieurs liasses de papiers, soigneusement numérotées, il choisit un petit paquet qu’il étendit sur la table, ils étaient marqués au dos No 1, No 3, No 4.