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UNE DE PERDUE

des marques d’affection que lui avait données le docteur qu’il n’était joyeux d’avoir ses sucreries, regarda le docteur avec ses grands yeux vitrés, puis il regarda son cornet de dragées, puis le remettant au docteur :

Je n’en veux pas, lui dit-il les larmes aux yeux, vous vous êtes trompé, docteur, ce n’est pas pour moi, je suis Jérôme, ne me reconnaissez-vous pas ?

— Oui, mon pauvre Jérôme, je te reconnais bien, je t’aime ; tu sais que je t’aime ; je veillais sur toi sans que tu le sçusses, et tu seras bien traité à l’avenir.

Et le pauvre idiot, ne comprenant pas ce langage si nouveau pour lui, regardait toujours le docteur avec ses grands yeux.

— Connais-tu ton père et ta mère, Jérôme, lui dit le docteur en l’attirant doucement près lui ?

— Non, monsieur.

— Eh bien ! je vais te le dire, tâche bien de le retenir, surtout ne dis pas que c’est moi qui te l’ai appris ; car vois-tu, si tu le dis, je ne te donnerai plus de sucre, et puis tu serais cause que l’on me ferait bien du mal. Tu ne voudrais pas que l’on me fit de mal à moi qui veux te tenir lieu de père et te donner du sucre candi tous les jours, n’est-ce pas ?

— Oh ! non, non, non.

— Eh bien ! tu t’appelles Alphonse Pierre !

— Alphonse ! oh ! quel joli nom ! est-ce que je m’appelle Alphonse Pierre ?

— Écoute donc : Ta mère s’appelait Léocadie Mousseau.

— Ma mère ! j’ai donc une mère, moi ? Et elle s’ap-