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UNE DE PERDUE

portier les remettait aux gardiens s’ils pouvaient lui servir ; et tout ce qui n’était d’aucun usage, était attaché, étiqueté et jeté dans une chambre destiné à cet effet, d’où on ne les retirait plus. Il était rare que l’on eut recours aux régistres, et encore bien moins aux paquets étiquetés.

Tous les jours, de midi à une heure, le docteur Rivard visitait l’Hospice, ce qui lui procurait un traitement de huit cents piastres de la part du gouvernement. Après avoir fait le tour des salles, jeté un coup-d’œil dans les cours, prescrit quelques remèdes, il s’en retournait pour ne revenir que le lendemain à la même heure. Rarement il lui arrivait de parler aux aliénés, ou de leur procurer quelque confort. Que lui importait, à lui, leur plus ou moins de bien-être ou de misère ? Il était payé pour les visiter en qualité de médecin du corps, il faisait régulièrement sa visite journalière ; que pouvait-on désirer de plus ? C’est vrai ; on ne pouvait strictement rien exiger de plus de lui ; mais si son âme dure eut eu une ombre de compassion, il eut pu faire beaucoup, car son autorité était grande dans cette institution. Tous les employés, depuis le chef jusqu’au dernier des gardiens, lui devaient leur situation ; il n’avait qu’à le vouloir pour les faire destituer, et ils le savaient bien.

Chaque fois que le docteur Rivard visitait l’Hospice, c’est-à-dire tous les jours, sa figure sévère annonçait que c’était pour lui un devoir importun. Or le portier de l’Hospice fut bien surpris, le 28 octobre, jour où monsieur Pluchon avait remis la petite cassette au docteur Rivard, de voir arriver ce dernier, vers onze heures du matin, la figure presque souriante. « Le