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UNE DE PERDUE

mains ; ses muscles se roidissaient et ses nerfs se tendaient, mais en vain. Alors il se livra en son âme un violent combat entre l’espérance et la frayeur. Par moment il pensait que c’était à sa vie qu’on en voulait ; un instant après il se flattait que ce n’était qu’une erreur et qu’à la nuit peut-être on le relâcherait. Peu à peu, son esprit tourmenté par mille idées sombres, noires, confuses, s’appesantit ; il tomba dans une espèce d’affaisement moral, et ses sens, succombant aux efforts et à la fatigue, s’engourdirent dans une profonde torpeur.


CHAPITRE XI.

l’hospice des aliénés.


À l’encoignure des rues St. Louis et des remparts, il y avait en 1831, un hospice des Aliénés, devenu depuis la proie des flammes. Dans cet Hospice se trouvait un idiot de douze à treize ans, dont la figure chétive et la taille grêle et petite lui donnaient l’apparence d’un enfant de dix à onze ans. D’une excessive timidité, il n’osait jamais lever les yeux sur aucune des personnes avec lesquelles il se trouvait journellement en contact. Ses dispositions se ressentaient de sa timidité, il était toujours seul dans un coin de la salle affectée aux aliénés de son âge, ou sous un des arbres de la cour pendant la belle saison. Une de ses manies était de compter les doigts de sa main gauche, en les touchant les uns après les autres avec l’index de sa main droite ; après avoir répété