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UNE DE PERDUE

mène la mort devant lui, la mêlée est trop affreuse, des masses d’hommes le séparent de celui qu’il voudrait tenir sous sa main.

Déjà les pirates cèdent au nombre ; ils hésitent, ils reculent ; Cabrera en vain les exhortent à le suivre, quand tout à coup un cri perçant retentit dans les airs ; une masse tombe du mât d’artimon dans le baril de goudron, le baril roule sur le pont sous le poids qui l’entraîne, cette masse se redresse et retombe dans le chaudron de combustible pour s’en relever tout en feu. C’est un homme ! Les combattants s’arrêtent et s’étonnent à ce phénomène inattendu ; les flammes l’enveloppent de langues de feu, la douleur lui arrache des cris qui ne sont pas humains.

Il ne voit plus, il se précipite partout, se darde à travers les rangs des pirates ; ses pistolets à six coups ont pris feu et partent d’eux-mêmes, tuant et blessant à droite et à gauche ceux qui l’entourent.

Le capitaine, qui a compris et reconnu l’infortuné comte d’Alcantara, profite de la confusion et pousse les pirates le sabre dans les reins. Le pont est jonché de cadavres ; tous ceux qui échappent à la mort sautent à la mer. Cabrera, qui voit que tout est perdu, s’élance pour sauter par-dessus le bord, mais une main de fer le saisit par le collet de son habit, et lui crie dans les oreilles :

— Ah ! ah ! c’est vous qui avez voulu me frotter à Matance, nous allons voir ; c’est à mon four maintenant.

Mais à peine Tom a-t-il le temps de lui porter une couple de coups de poing, que trois à quatre Zéphyrs se jettent sur Cabrera et le font prisonnier. Avec