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L’Étranger. — …Passant son main par l’ouverture, tournant lentement l’espagnolette, ouvrant le fenêtre, quittant ses sabots et pénétrant dans cette salle. — Monsieur de Kéravel est là, confiante, souriante, ne songeant qu’au joie prochaine de son petit boy ; il tend le dos à son meurtrier qui peut, tout à son aise, choisir l’endroit où il frappera. Et le poing armé se dresse, se dresse et, rapide, terrible, fulgurant comme un éclair, s’abat sur le pauvre victime.

M. Duflair. — Brr ! J’en ai froid dans le dos ! La mort dut être foudroyante.

L’Étranger. — Non… car Monsieur de Kéravel est robuste. Il se débat, démasque à demi son agresseur, qui tâche de l’achever en le strangulant.

Jacques. — C’est affreux !

François. — Horrible !

Jean, nerveux. — Oui… assez…

L’Étranger, continuant en élevant peu à peu la voix. — C’est fait… il l’a deviné… reconnu même… et il appelle au secours et il maudit son meurtrier… Son voix monte, monte, désespérée… Oh ! comme il pleure dans la nuit ! Écoutez ! écoutez ! gentlemen, écoutez pleurer le pauvre mort !

Le gramophone, actionné par le petit Yvon au moment où l’étranger dit : Écoutez ! — Ah !… au secours ! à l’assassin ! à moi !

Tous, excepté Jean, se dressant en frissonnant. — La Voix du Mort !

Le gramophone, continuant. — À moi !… Toi !… Toi !… Que t’ai-je fait, misérable ?

Jean, se dressant à son tour. — Assez !

Le gramophone. — Caïn !

Jean, tombant à genoux, affolé, hagard. — Assez ! assez ! Oui, Robert, oui… j’avoue ! là ! j’avoue, mais tais-toi ! tais-toi ! tais-toi !

Tous. — Comment ! Que dit-il ?