Soyez graves ce soir, nous dit grand’maman Lise.
Plus recueillis qu’aux soirs passés,
Car c’est demain matin que l’on prie à l’Église
Pour le salut des Trépassés.
Voici l’une des nuits où les Âmes en peine
Lèvent les dalles des couvents,
Désertent les charniers pour, visibles à peine,
Revenir parmi les vivants,
Où les pauvres Défunts, en longues théories,
Entrechoquant leurs bras osseux,
Vont passer l’échalier des vieilles métairies
Pour revoir leurs anciens « chez eux ».
Comme au temps, qui n’est plus, des joyeuses années,
Chacun d’eux faisait, chaque soir,
Dans le coin préféré des vastes cheminées
Ils vont s’en revenir s’asseoir.
Laissez dans le foyer la cendre chaude encore,
Qu’ils se puissent chauffer un peu,
Car ils sont nus, livrés au ver qui les dévore,
Au fond des sépulcres sans feu !