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LA LETTRE DU GABIER




« Hier matin, notre commandant
Nous a dit que le bâtiment
S’en allait partir à la guerre :
Par la présente, votre fieu
S’en vient vous dire son adieu,
Bonne grand’mère !

J’aurais bien voulu, core un coup,
Mettre mes bras à votre cou
Tout comme au temps de mon enfance ;
Mais, l’un et l’autre, oublions pas
Qu’à présent votre petit gâs
Est à la France !

Les camarades du pays
À leurs parents, à leurs amis,
Font aussi leurs adieux bien vite,
Espérant que la lettre-ci
Vous trouvera vaillants, ainsi
Qu’elle nous quitte.

Parait qu’on va voir les Chinois ;
J’espère bien qu’avant un mois
Ils seront battus par les nôtres !
Si l’on débarque.. faudra voir ;
Je saurai faire mon Devoir
Comme les autres !