Page:Bossard - Gilles de Rais dit Barbe-Bleue, 1886.djvu/61

Cette page a été validée par deux contributeurs.
38
GILLES DE RAIS.

mission et de dévouement ? Lorsque le bâtard d’Orléans, sous les murs de cette ville, désespérant de vaincre la résistance de la Pucelle, qui voulait retourner à Blois avec son armée, est à bout d’expédients et de prières, c’est à Gilles de Rais et à Ambroise de Loré qu’il s’adresse comme aux seuls capables de la faire revenir sur une décision qu’il juge funeste ; preuve manifeste de la confiance qu’on croyait qu’elle avait en eux[1]. Les deux capitaines lui promettent de revenir de Blois, sans tarder, avec un nouveau convoi de vivres ; et la Pucelle, confiante dans leur parole, consent à pénétrer dans la ville avec Dunois. Elle sait désormais que ses gens sont placés sous bonne conduite, et les soucis qu’elle conçoit pour leur persévérance se calment et se dissipent[2] . À Blois, dans le conseil, on discute sur le retour de l’armée à Orléans ; là, règne l’homme vraiment vendu de la Trémoille, le chancelier de France, Regnault de Chartres : qui donc plus vivement que les deux capitaines, qui avaient promis à Jeanne de retourner vers elle, s’opposa aux perfides desseins du chancelier ? En les quittant, elle leur avait ordonné de revenir à Orléans par la Beauce ; Gilles, au premier voyage, par un reste de prudence humaine bien compréhensible, avait conseillé de prendre le chemin par la Sologne ; mais il avait été témoin des merveilles qui avaient marqué l’arrivée du convoi et l’entrée de Jeanne dans Orléans, et il n’hésite plus à traverser par la Beauce les lignes ennemies ; il n’a plus rien de ses défiances[3]. Dans Orléans, lors de l’attaque du fort des Augustins, quand tout le monde, saisi de panique, abandonne la Pucelle, et qu’elle revient toute seule contre la bastille, Gilles de Rais, incontinent, la rejoint sur le bord

  1. Chronique de la Pucelle, p. 284. « Jeanne, lui dirent-ils, allez-vous-en seurement ; car nous nous promettons de retourner bien brief vers vous. Sur ce, elle consentit d’entrer dans la ville. »
  2. Procès, Perceval de Cagny, t. IV, p. 6, 5 ; Pasquerel, t. III, p. 105 ; Collection des Chroniques Belges, t. III, p. 410.
  3. Mémoire concernant la Pucelle, Collection Petitot, t. VIII, p. 161 ; Chronique de la Pucelle, p. 281 ; Procès, IV, p. 54, 155, 156 ; Wallon, t. I, p. 144.