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PROCÉDURE CRIMINELLE

salut a l’heure de l’execution, et leur monstrer exemple de bien mourir ; disant doubter que s’autrement estoit, et que sesdictz serviteurs ne le veissent mourir, qu’ilz peussent cheoir en desesperance et ymaginer que eulx [mouroient] et qu’il, qui estoit cause de leurs malefices, demouroit impugny, et qu’il esperoit de la grace Nostre Seigneur, combien qu’il eust esté cause de leur faire commectre[1] les cas, pour lesquelz ils mourroint, qu’il seroit cause de leur salvacion.

Quel request luy octroya mondit seigneur le president, et avec ce, actendu sa bonne contrition, octroya de grace audit Gilles ladicte execution faicte comme dessus, et, paravant son corps estre ouvert et embrasé, que sondit corps fut mis en une chasse et porter en sepulture en ceste ville de Nantes en telle eglise que ledit Gilles ordonneroit, de quoy il mercia mondit seigneur le presidant, requerant sondit corps estre mis et ensepulturé en l’eglise du moustier de Nostre Dame du Carme de Nantes. De quoi fut contant mondit seigneur le presidant. Et, en oultre, requist ledit Gilles a mondit seigneur le presidant qu’il voulseist prier monseigneur l’evesque de Nantes et les gens de son eglise que, demain, avant que ledit Gilles et sesdictz serviteurs fussent executez, ils voulseissent faire procession generale pour prier Dieu que ledit Gilles et sesdictz serviteurs de les tenir en ferme creance a leur salut ; ce que pareillement luy fust octroyé par mondit seigneur le presidant.

Ainsi signé : De Touscheronde[2].

  1. Le copiste a maladroitement introduit ici un alinéa et la mention : « Ainsi signé : De Touscheronde. » Nous n’avons pas cru devoir reproduire cet alinéa qui coupe la phrase et qui devait se reporter en marge.
  2. Le récit de l’exécution de Gilles et de ses deux complices a été publié par P. Marchegay dans la Revue des Provinces de l’Ouest, tome V, 1857, p. 177-179, d’après une note manuscrite insérée au fo 412 du ms du château de Serrant, et reproduite par le même auteur dans ses Notices et pièces historiques, p. 186-188. Ajoutons que ce récit fut considéré comme absolument authentique, car il figure dans les expéditions officielles du procès. V. not. Bibl. nat., ms. fr. 3876, fo 128.