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PROCÉDURE CRIMINELLE

Poitou et Eustache lui respondirent que, s’ilz le povoint trouver, que volentiers le lui feroint rendre, mais qu’ilz doubtoint qu’il feust allé a Tifauges pour estre page.

De Touscheronde. — Coppegorge. — Chatau.


Margarite Sorin, de la parroaisse de saint Aignen, chambriere desdits Rodigo et sa femme, rescorde, par son serment, que, environ le temps dessus merché, elle et ledit enffant, estans apres souper a l’ostel dudit Rodigo, jouans ensemble, celx Rodigo et sa femme estans pres de lec en une leur autre maison ou ilz avoint soupé, souvint ledit Poitou sur celx chambriere et enffant, demandant s’ilz jouoint ainsi ensemble : quelx lui respondirent que oill ; et que, apres, il tira appart ledit enffent, tenant la main sur son espaule, et son chapel en l’autre main, parlant o ledit enffant si bassement qu’elle ne le povoit oir. Et, apres avoir ainsi parlé, s’en alla ledit Poitou, et adonc ceste qui parle demanda audit enffant que celui Poitou lui avoit dit ; quel lui respondit qu’il ne lui avoit rens dit : et, assez toust apres, celui enffant dist a ceste qui parle qu’il s’en vouloit aller, et qu’elle gardast bien et serrast les tasses ; et alors s’en partit sans lui vouloir declerer ou il alloit, combien que le lui demandast, et laissa sa robe, ses chausses et chaperon, et s’en alla en son doublet. Et depuis ne le vit, ne n’oyt novelles.

De Touscheronde. — Coppegorge. — Chatau.


Guillaume Plumet et sa femme, Michel Gerart, de Bourgneuff en Rais, rescordent, par leurs sermens, qu’ilz virent demourer ung bien jeune enffant de basse Bretaigne, nommé Bernart, chez ledit Rodigo, et qu’il y estoit avant la Saint Berthelomer derraine : et que, ung pou avant ladite feste, que le sire de Rais vint loger et coucher a Bourgneuff, ilz oyrent, et depuis, celx Rodigo et sa femme grandement se complaindre de l’adirance dudit enffant ; lequel ces tesmoins depuis ne virent ne oyrent dire ou il feust.

De Touscheronde. — Coppegorge. — Chatau.


Thomas Aysée et sa femme, demourans au Port saint Pere[1], rescordent, par leurs sermens, que, puis ung an, ilz ont demouré a Machecoul, et que encore ilz y demouroint a la Penthecouste derreine, et que, environ ledit temps de Penthecouste, pour ce que sont pouvres gens, ilz avoint envoié ung leur filz, d’environ l’eage de dix

  1. Port-Saint-Père (Loire-Inférieure).