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CONTRE GILLES DE RAIS.

bonnement ne le peust on. Aussi oyt fere complainte de la perte desdits deux enffants, et d’un enffant a Micheau Bouer, qui depuis ne furent veuz qu’il ait oy.

De Touscheronde. — Coppegorge. — Chatau.


Guillemete, femme Micheau Bouer, de Saint Cire en Rais, rescorde, par son serment, que, sept jours apres Pasques derraines, ung sien filz, de l’eage de huyt ans, qui estoit bel enffant et blanc, estoit allé a Machecoul a l’aumonsne, et qu’il ne retourna point, et depuys n’oyt novelle de lui, combien que le mari d’elle, pere dudit enffant, en ayt fait plusieurs demandes en divers lieux, et que, le landemain et que que soit le jour qu’on donnoit la charité a Machecoul pour deffunct Mahé Le Breton, elle, estante a garder les bestes, se rendit a elle ung grant homme, vestu en noir, qu’elle ne congnoessoit, quel, entre autres choses, lui demanda ou estoint ses enffants qu’ilz n’estoint a garder les bestes. Sur quoy elle lui dist qu’ilz estoint allez a l’aumosne a Machecoul. Et sur tant se departit d’o elle et s’en alla.

De Touscheronde. — Coppegorge. — Chatau.


Guillaume Rodigo, autrement de Guerrande, et sa femme, demourans a Bourgneuff en Rais, rescordent, par leurs sermens, que, la veille de saint Berthelemei derrein, le sire de Rais et ses gens, entre lesquelx estoint maistre Eustache Blanchet et Poitou, vindrent loger a Bourgneeuff en Rais, et soupa ledit sire ches Guillaume Plumet : et que, alors, celui Rodigo avoit ung jeune filz de l’eage de quinze ans, nommé Bernart Le Camus, des parties de Brest, que ung sien oncle et le maucadre de Brest lui avoint baillé de paravant pour aprandre francoys a demorer o lui. Et que, celui jour, celx maistre Eustache et Poitou parlerent o ledit jeune filz, qui estoit moult bel et abille, ne sceyvent qu’ilz lui disdrent, et alloit ledit Poitou a l’ostel des dessus nommez, demandant audit Rodigo qu’il achatast dudit sire saulx qu’il avoit a vendre, disant avoir desja fait le marché dudit Rodigo o ledit sire. Et que, celui soir, environ dix heures, celui enffant s’en alla de son ostel, sans en emporter sa robe, ses chausses et chaperon, au desceu et en l’absence desdits Rodigo et sa femme : et que leur chambriere leur avoit dit que celui enffant, paravant son partir, lui avoit dit qu’il s’en alloit et qu’elle gardast bien et serrast les tasses, et, sur tant, s’en estoit yssu de l’ostel : et que, depuis, ilz n’avoint veu ni oy qu’estoit devenu ledit enffent, combien que ledit Rodigo en ait fait plusieurs demandes, tant audit sire que a ses dites gens, et offert quarante escuz pour le lui rendre. Sur quoy celx