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II.
INFORMATION FAITE PAR LE COMMISSAIRE DU DUC DE BRETAGNE SUR LES CRIMES DE GILLES DE RAIS.
(Orig. aux archives départementales de la Loire-Inférieure, E 189)[1].

1.
Enquête du 18 septembre 1440.


Informacion et enqueste a trouver, si estre peut, que le sire de Rais, ses gens et complices, ont prins et fait prandre pluseurs petiz enffans et autres gens, et les murtriz et occiis, pour en avoir le sang, le cueur, le faye et autres parties d’elx, pour en faire sacrifice au deable, et autres malefices, de quoy il est grant clamour. Celle enqueste faite par Jehan de Touscheronde, commissaire du duc, nostre souverain seigneur, en ceste matere, appellé Jehan Colin, pour le prouchain tesmoign que eust en sa compaignie, le xviiie jour de septembre, l’an mil IIII C quarante.

Peronne Loessart, demourante a la Rochebernart, rescorde, par son serment, que, en ce present moys de septembre eut deux ans, ledit sire de Rais, en s’en retournant de Vennes, vint loger audit lieu de la Rochebernart, ches ledit Jehan Colin, et y coucha. Davant lequel ostel ceste qui parle estoit lors demourante, ayante ung jeune filz de l’eage de dix ans, alant a l’escole, que l’un des gens dudit sire, nommé Poitou, envia ; et vint parler a ladite Peronne qu’elle vouleist qu’il demourast o lui, et que tres bien il l’abilleroit et lui feroit beaucoup de biens, et que mesmes celui enffant seroit cause d’en faire avoir audit Poitou[2] ; et que, sur ce, ladite Peronne lui avoit respondu que sondit enffant aloit a l’escole et aprenoit moult bien, et avoit atente de veoir le temps qu’il lui feist des biens, et que, pour celle cause, elle ne l’osteroit de l’escole : et que, sur ce, ledit Poitou lui dist, promist et jura le tenir et envoier a l’escole, et donner a icelle Peronne cent souls pour une robe. Sur laquelle confiance et promesse,

  1. Coté autrefois armoire L, cassette G. no 8 dans le Trésor des Chartes de Bretagne ; — cahier, de papier de fil, de 22 fol., in-4o, orig.
  2. Insinuation que complète la déposition suivante : « Ung nommé Poitou, serviteur dudit sire, fist tant a Peronne Loessart, que… etc. »