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SES PREMIÈRES ARMES.

sance des Penthièvres. Après un siège où tout fut employé dans les moyens de défense, vaillance, manœuvres, cruautés même, force fut enfin à Marguerite de Clisson de rendre les armes. Jean de Blois, sire de l’Aigle, son fils, vint remettre humblement le duc aux mains des assiégeants, et Marguerite put sortir ensuite avec ses enfants et toute la garnison. Jean V fit démolir la forteresse et partit ensuite pour Nantes, où il fit une entrée triomphale. La joie du peuple et des seigneurs fut extrême ; et dans les fêtes qui furent données dans cette circonstance, Gilles de Rais frappa tous les yeux par son luxe et ses prodigalités. Le duc délivré s’efforça de payer ensuite sa dette de reconnaissance envers ses libérateurs : Jean de Craon et son petit-fils, qui avaient tant fait pour sa liberté, eurent particulièrement part à ses largesses[1].

Le 6 juin précédent, en récompense des services que lui avaient déjà rendus Jean de Craon et Gilles de Rais, et en compensation des pertes qu’ils avaient subies de la part des Penthièvres, la duchesse de Bretagne avait donné au sire de la Suze les droits du sceau, que les complices d’Olivier de Blois avaient sur sa terre et sur celle de son pupille, avant la captivité de Jean V[2]. Le 10 juillet, à Oudon, le duc confirma l’édit rendu par son épouse[3] ; le lendemain ne sachant comment reconnaître « les bons et loyaux services de ses cousins MM. de la Suze et de Rais », il leur donna toutes les terres que les fauteurs et complices d’Olivier de Blois, naguère comte de Penthièvre, et Charles, son frère, possédaient dans leurs fiefs[4]. » Il est vrai que, sur les remontrances du parlement de Bretagne, cette donation fut réduite, le 21 septembre suivant, à deux cent quarante livres de rente[5]. Quelques jours après encore, le 28 septembre, à Vannes, considérant qu’il avait fait trop peu, il ajouta à ces

  1. D. Morice, t. J, p. 479.
  2. Cartulaire des sires de Rais, no 16.
  3. Ibid., no 16.
  4. Ibid., no 249.
  5. Environ 9, 600 fr.