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GILLES DE RAIS.

terme à toutes les autres, on trouve Gilles de Rais, sa famille et tous les anciens partisans des Penthièvres, engagés avec Montfort contre les héritiers de Charles de Blois et de Clisson.

C’est qu’une trahison indigne, en violant la foi jurée des anciens traités, venait de renouveler la lutte. Personne n’ignore, en effet, qu’un complot fut ourdi entre le dauphin mécontent du duc de Bretagne, qui lui promettait sans cesse des troupes contre les Anglais et qui ne lui en envoyait jamais, et Olivier de Blois, comte de Penthièvre, poussé par Marguerite de Clisson, sa mère ; que Jean V, attiré de Nantes à Champtoceaux par l’astucieuse comtesse, fut fait prisonnier avec plusieurs des siens dans un guet-apens, conduit dans la forteresse et jeté dans un cachot, les fers aux pieds, la mort toujours suspendue sur sa tête. À cette nouvelle, dans toute la province, la surprise n’eut d’égale que l’indignation, et l’indignation que le désir de la vengeance. La Bretagne entière se leva comme un seul homme pour punir les Penthièvres, et, par la ruine de leur maison, mettre un terme à leurs félonies[1]. En embrassant donc la cause du duc prisonnier, Jean de Craon et Gilles de Rais s’éloignaient à la vérité des traditions de leur famille ; mais, après l’attentat de Champtoceaux, abandonner le parti qu’avaient défendu leurs ancêtres, c’était encore être fidèle à l’honneur et au droit, et marcher sur les traces de Du Guesclin et de Brumor.

Le 23 février 1420, Gilles assistait avec son grand-père aux États généraux de Bretagne, convoqués dans la ville de Vannes. Déjà quelques jours auparavant, ils avaient juré de donner « tout leur cœur » et jusqu’à la dernière goutte de leur sang pour la délivrance de leur prince : « Nous jurons sur la croix, avaient-ils dit, d’employer et nos corps et nos biens, et en cette querelle vivre et mourir » ; puis ils avaient signé et mis leurs sceaux à cette formule de serment[2]. La séance

  1. D. Morice, Lebaud, d’Argentré, etc,
  2. D. Morice.