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SON FRÈRE.

mourut à l’âge de soixante-quinze ans, sans postérité, « et plus riche en réputation qu’en biens », dit un de ses biographes. À la mort de sa femme, tous les biens de Gilles de Rais, son père, étaient revenus de droit à son oncle, René de la Suze, qui prit à son tour le nom et les armes de Rais. Avec lui recommencèrent tous les procès de succession qui avaient troublé la vie de Prégent de Coétivy et d’André de Laval pendant près de vingt ans. C’est à lui que l’on doit le fameux Mémoire des héritiers de Gilles de Rais, plus intéressant pour l’historien par les détails qu’il lui fournit sur la vie, les mœurs et le caractère de Gilles, que par le pêle-mêle inextricable des contrats, des textes, des arrêts et des consultations dont il est embarrassé. On ne sait quels fruits il en retira pour sa cause : toujours est-il, du moins, que les procès se continuèrent encore après sa mort, qui n’arriva cependant qu’en l’année 1474. Il ne laissait de son mariage avec Anne de Champagne qu’une fille, Jeanne de Rais, qui avait épousé, le 11 avril 1446, François de Chauvigny, prince de Déols[1], comte de Châteauroux et vicomte de Brosse. De ce mariage naquit un fils, André de Chauvigny, qui mourut sans postérité en 1502.

Ainsi donc fut éteinte, soixante-deux ans après la mort de Gilles de Rais, une famille qui, avec la gloire d’avoir donné des héros à la France, eut la honte d’avoir produit l’un des plus grands coupables qui aient jamais effrayé les hommes. « Finalement, dit d’Argentré, Dieu, le Créateur, se déplust de ceste maison, qui avoit esté fort grande, tellement qu’il n’en sortit point d’enfants et s’en alla en dissipation, dont il sortit mille et mille procès, qui ont duré de notre vivant[2]. » Finalement, après des procès sans fin, parmi les biens de la maison de Rais, ceux qui provenaient de la famille de Craon, retournèrent aux héritiers de cette maison.

  1. Déols est une ancienne ville, aujourd’hui bourgade, à une demi-lieue de Châteauroux (Indre).
  2. D’Argentré, Hist. de Bret., p. 795.