Page:Bossard - Gilles de Rais dit Barbe-Bleue, 1886.djvu/399

Cette page a été validée par deux contributeurs.
376
GILLES DE RAIS.

le 28 août 1443, au sujet des terres de Champtocé et d’ingrandes, que Gilles de Rais avait vendues au duc de Bretagne, et dont ce prince s’était emparé avec le consentement du roi des Deux-Siciles, duc d’Anjou, malgré l’annulation prononcée par édit royal de toutes les ventes faites par Gilles de Rais : Charles VII, en lettres datées de Chinon, sous prétexte que Gilles de Bretagne, « à qui son père les avait données, avait toujours favorisé l’Anglais et entretenait encore avec lui de nouvelles intelligences[1] », les confisqua et les adjugea également bientôt après à l’amiral de Coétivy ; c’est ce qui arrivera, quelques années plus tard encore, en 1446, pour les lettres où il ordonne à tous les détenteurs des biens de Gilles de Rais d’avoir à s’en dessaisir en faveur de Prégent de Coétivy, à moins d’en prouver la légitime possession ; c’est enfin ce qui arrivera pour les lettres du roi René, au sujet de ces mêmes terres d’ingrandes et de Champtocé toujours en litige, le 10 octobre 1450, où le roi René les abandonne au duc de Bretagne, sous prétexte qu’elles ont été confisquées aussi à son profit. Ainsi, dans un pays où la justice était rendue par diverses cours devenues indépendantes les unes des autres par l’indépendance même des provinces, les arrêts étaient souvent vains et inutiles et les luttes, qui naissaient de pareils procès, étaient pour ainsi parler interminables. L’on ne saurait dire quand prirent fin celles auxquelles donna lieu la succession de Gilles de Rais, et, le découvrit-on à force de patientes recherches, que le lecteur n’y prendrait pas d’intérêt.

Dans de semblables affaires, il arrivait le plus souvent que les deux parties ne parvenaient à s’entendre que grâce à des compromis : Prégent de Coétivy eut souvent recours à ce moyen avec les ducs de Bretagne et surtout avec François II. Par d’habiles transactions mutuelles, il fit si bien qu’il put jusqu’à sa mort jouir assez paisiblement des plus belles terres

  1. Pièces concernant la Bretagne et la maison de Rohan, II, 1448. — 1450. — 24 août 1443. — « Vu, collé et certifié conforme au texte de la Bibl. imp. » — Coll, des Bl. mant., vol. 48 B, fo 33. — Louis Paris.