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GILLES DE RAIS.

été cités autrement qu’en qualité de témoins : on aime à croire pourtant qu’ils n’ont pas échappé à la peine due à leurs crimes. Le 20 octobre, Gilles, comme nous l’avons vu déjà plus haut, reprit et compléta, dans la grande salle du château sa confession secrète[1].

Comme ces aveux solennels et publics contenaient des crimes qui « ne concernaient aucunement le fait de l’Église fut dit par mondit seigneur le président et commis que la cour de l’Église de Nantes ferait premièrement son procès à l’encontre dudit sire ; lequel fait, qu’on conclurait le procès de la cour séculière, selon que par bon advisement au cas devait appartenir » Le procès civil fut donc suspendu jusqu’au 25 octobre[2]. Mais, pendant que la cause de Gilles se poursuivait devant la cour ecclésiastique, celle de Henriet et de Poitou s’acheva devant la cour séculière. Ces deux complices de Gilles de Rais n’avaient pas, en effet, à comparaître devant l’évêque de Nantes et devant le vice-inquisiteur, puisque leur cause était toute civile, leurs crimes n’étant pas du nombre de ceux que l’Église frappait de ses censures. Voilà pourquoi pendant que le maréchal était encore aux mains des juges ecclésiastiques, ses deux serviteurs étaient menés au Bouffay où siégeait la cour séculière et qui s’élevait, il y a peu d’années encore, à moins de deux portées d’arbalète du château de la Tour-Neuve. Le jugement, prononcé contre eux fut rendu le 23 octobre. Le procureur, par l’organe de son lieutenant, rappela les faits établis contre les deux coupables et les crimes qu’ils avaient eux-mêmes confessés quelques jours auparavant, et il en demanda justice et punition. Henriet et Poitou, convaincus, repentants, persévérèrent dans les bonnes dispositions qu’ils avaient montrées les jours précédents ; ils renouvelèrent librement leurs aveux ; « sans y être contraints en aucune façon », ils reconnurent qu’ils étaient coupables de tous les crimes relevés par le procureur.

  1. Loc. cit.
  2. Proc. civ., fos 371, vo ; 372, vo ; 405, vo ; 406, ro.