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XII


PROCÈS DE GILLES. — PROCÉDURES CIVILES. — LA CONDAMNATION À MORT. — LE SUPPLICE.

Parmi les crimes, qu’avaient révélés les débats ecclésiastiques, il s’en trouvait plusieurs, qui, par leur nature, relevaient de la justice de l’État. L’évêque et le vice-inquisiteur avaient prononcé leur jugement sur les évocations des démons, sur les crimes qui les avaient précédées, accompagnées ou suivies, sur les crimes contre nature, et enfin sur la violation des immunités ecclésiastiques. Tous ces crimes, l’Église les avait frappés de ses foudres : mais l’excommunication n’entraînait pas la peine de mort[1]. Gilles de Rais ne pouvait cependant éviter le dernier supplice : si la peine de mort n’avait pas existé dans la société, c’est pour de semblables crimes qu’on l’aurait inventée. Les enlèvements des enfants et les meurtres dont Gilles était coupable, l’avaient cent fois et « dix mille fois », selon ses propres paroles, rendu digne du gibet et du bûcher ; mais c’était aux juges civils à prononcer au criminel, et le procès du maréchal devait se produire devant le président de Bretagne. D’ordinaire, les juges ecclésiastiques, au terme de leur mission, envoyaient au coupable cet adieu : « Va en paix ! l’Église ne peut plus te défendre : elle te livre au bras séculier ; » et en même temps elle réclamait, au

  1. Wallon, Hist. de Jeanne d’Arc, t. II, p. 347.