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GILLES DE RAIS.

jours lieu, avait été faite sous les yeux de l’évêque et du vice-inquisiteur, qui en avaient approuvé la teneur. Cet acte n’était, en effet, que le résumé et l’exposé des crimes attribués aux coupables par les témoins, pleurés par les parents, entendus et recueillis jusque-là par l’évêque ou par les officiers de la justice ecclésiastique.

Le promoteur commença par déposer l’acte écrit d’accusation, en disant qu’après les enquêtes faites sur sa vie et les interrogatoires précédents, le maréchal de Rais était là pour répondre à tous et à chacun des articles contenus dans cet acte ; que son devoir, à lui promoteur, était d’en affirmer la vérité, et, dans le cas où elle serait niée, de la démontrer par des preuves irréfragables. Pour procéder avec ordre, il demanda donc que chaque article fût lu à Gilles de Rais en langue vulgaire, c’est-à-dire en français, de point en point, lentement ; à haute et intelligible voix, par Jacques de Pencoetdic, official de l’église cathédrale de Nantes, l’un des prêtres les plus honorables du diocèse ; après avoir fait serment de dire la vérité, Gilles y répondrait immédiatement, ou, s’il en exprimait le désir, les juges fixeraient un jour pour lui permettre de développer sa défense. Tels étaient les moyens de réfutation que l’on offrait à l’accusé. On voit ici, pour le dire en passant, quelles facilités dans la réplique cette législation accordait à l’accusé et de quelles précautions elle avait soin d’entourer la justice. Les exemples de ce respect que l’on avait pour l’accusé sont nombreux, répandus partout dans ces procédures, et prouvent que le tribunal ecclésiastique de Nantes mérite les approbations de l’histoire. On peut le dire : même de nos jours, le respect de la défense n’a guères plus de délicatesses, unies à plus de force et d’énergie. Toutefois, ces condescendances avaient et devaient avoir une mesure et une fin : dans le cas où Gilles refuserait encore de répondre à ses juges, le promoteur demanda qu’il fût déclaré contumace et excommunié ; il termina en suppliant les juges de le seconder dans l’accomplissement pénible de sa lourde tâche.