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GILLES DE RAIS.

De guerre las enfin, les juges fixèrent le mardi suivant, 11 octobre, pour permettre au promoteur de déposer juridiquement et de soutenir l’acte d’accusation, et à Gilles de lui répondre. Mais, ce jour arrivé, la cause fut renvoyée au surlendemain, 13 octobre ; car, le 12 tout entier, les juges furent occupés à entendre et à interroger de nouveaux témoins, hommes et femmes, qui, venus de tous côtés, se pressaient dans la salle basse du château de la Tour-Neuve. D’un côté, donc, la séance du 8 octobre n’avait abouti qu’à des dénégations de la part de Gilles de Rais et à l’excommunication, dont il avait été frappé pour avoir refusé de répondre aux griefs formulés contre lui par le promoteur ; de l’autre, le promoteur n’avait porté l’accusation que de vive voix : au début même du procès, les délibérations avaient été arrêtées court. Cet état de choses ne pouvait se continuer, et puisque l’appel du maréchal avait été rejeté comme frivole et de nul effet, il était indispensable de passer outre, sans plus tenir compte ni de ses dédains ni de ses colères. Aussi, dans la séance du 13 octobre, nonobstant les appels réitérés de Gilles, le procès fut définitivement lancé et l’on entra résolument dans les débats. Comme le maréchal avait nié hautement la juridiction de ses juges, en appelant publiquement de leur tribunal à celui d’un juge supérieur, il devait entendre la démonstration publique de leurs droits, établis sur des preuves irréfragables, d’où découlait l’obligation inévitable de se soumettre à leur autorité. L’accusation écrite et méthodiquement raisonnée, entourée de toutes les preuves et de toutes les autorités et faite avec le plus grand soin, ne pouvait plus être éludée ; avec quelque habileté que s’enveloppât le coupable, il allait en être frappé : aussi, désormais, bien loin de s’appuyer sur le droit pour en appeler encore, comme au 8 octobre, le maréchal, chassé hors de ses dernières espé-

    Geoffroy Pipraire ; Gacien Ruitz ; Guillaume Groyguet, licencié in utroque jure ; Olivier Lesou ; Jean de Châteaugiron, chanoine de l’église de Nantes ; Robert Pipraire, sénéchal ; Jean Guiole ; Jean de la Grangière, licencié ès lois, et une foule immense d’auditeurs appelés comme témoins.