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L’ENQUÊTE SECRÈTE.

ou fait faire souvent nombre d’horribles évocations des démons, qu’il leur a fait des sacrifices et des offrandes, qu’il a passé un pacte avec eux, sans compter d’autres crimes énormes et nombreux qui relèvent de notre juridiction ; enfin par plusieurs autres visites faites par nous ou par des commissaires et des procureurs agissant en notre nom, nous savons que Gilles a perpétré et commis ces crimes et d’autres encore dans les limites de notre diocèse.

« De quoi il était et il est encore publiquement, au su de tous, diffamé auprès des gens honnêtes et graves. Et, pour que personne n’ait de doute sur ce point, nous avons ordonné d’apposer et fait apposer notre sceau à ces présentes lettres.

« Donné à Nantes, l’avant-dernier jour de juillet, l’an du Seigneur 1440.

« Par mandement de Monseigneur l’évêque de Nantes,
« J. Petit[1]. »


À cette époque donc, la visite de l’évêque était achevée et Jean de Malestroit était de retour dans sa ville épiscopale. Cette date fixe la fin des tournées pastorales, mais non pas le terme des poursuites contre Gilles de Rais. L’enquête secrète, inquisitio famœ, qui a conduit à la déclaration d’infamie, va se continuer encore. Que ces visites de l’évêque dans la ville de Nantes, dans diverses parties du diocèse et surtout dans le pays de Rais, aient été déterminées ou non par les rapports qui lui avaient été faits, il est certain du moins que l’enquête se poursuivit jusque dans les premiers jours de septembre.

À qui les lettres précédentes étaient-elles adressées ? On ne saurait le dire au juste. Mais la nature même de l’enquête sur les mœurs et la vie de Gilles, ne permettait peut-être pas de donner à cette inquisition une publicité trop étendue ou trop bruyante. Parmi les gens qui n’ignoraient pas tout dans une matière si grave, il y en avait sans doute qui hési-

  1. Proc. ecclés., p. i, ii.