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VII


CRIMES DE GILLES DE RAIS.

Comme nous l’avons dit plus haut, René de la Suze, frère puiné de Gilles de Rais, et son cousin, l’amiral de Lohéac, frère du comte de Laval, à la requête de la famille, et forts des lettres de Charles VII, qui interdisaient au prodigue le droit de vendre et d’aliéner ses domaines, s’étaient emparés à main armée des deux forteresses de Machecoul et de Champtocé[1]. Il y avait déjà environ trois mois qu’ils tenaient garnison dans ces places[2], quand le maréchal résolut de les reprendre. Deux motifs surtout le poussaient à tenter ce coup de main : d’abord, il avait besoin d’argent, et, pour livrer au duc de Bretagne la seigneurie et le château de Champtocé qu’il lui avait vendus, il fallait qu’ils fussent en sa possession ; puis il craignait que l’occupation de ces deux forteresses n’amenât la découverte de certains crimes qu’il avait le plus grand intérêt à cacher. Le récit des événements qui suivent fera connaître au lecteur le dessein que le maréchal poursuivait surtout en assiégeant Champtocé : il nous faut entrer, par ce récit, dans les derniers secrets, et les plus terribles, d’une vie rendue déjà si mystérieuse par les pratiques de l’alchimie et par les évocations de la magie noire.

Vers la fin de l’année 1437[3], ou le commencement de

  1. Proc. civ., fos 343-386, ro et vo.
  2. Ibidem.
  3. Proc. ecclés., Conf. de Henri Griart, p. XCIII.