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INTRODUCTION



Celui qui s’est rendu célèbre par ses vices ou ses vertus, est assuré de vivre dans la mémoire de notre race et mérite, en effet, de n’y point mourir ; châtiment ou récompense, cette survivance est dans l’ordre de la justice. À défaut de l’histoire qui néglige quelquefois les hommes les plus illustres, la tradition, sous la forme du conte et de la légende, leur crée presque toujours, dans le souvenir des peuples, une physionomie qui attire les regards. Gilles de Rais participa et du bien et du mal de ces héros fameux : il fut bon et méchant tout ensemble ; mais il eut plus de vices que de vertus, et sa figure, qui ne fut jamais reproduite par le pinceau de l’histoire, transmise jusqu’à nous par le crayon capricieux de la légende, a perdu presque tous les traits de sa beauté primitive pour conserver uniquement ceux de sa laideur. Guerrier courageux et renommé, Gilles fut le compagnon de Jeanne d’Arc et des plus grands capitaines du XVe siècle ; il aima les lettres et les arts ; rien de tout cela cependant n’eût fait son nom immortel plus que celui du maréchal de Lohéac ou de l’amiral de Coétivy, ses gendres ; mais il a commis des