Page:Bossard - Gilles de Rais dit Barbe-Bleue, 1886.djvu/132

Cette page a été validée par deux contributeurs.
109
MYSTÈRE DU SIÈGE D’ORLÉANS.

il avait tenue, durant les dix dernières années de sa vie, dans l’esprit du peuple orléanais : la nouvelle de ses crimes, de son procès, de son jugement et de sa mort, y fit donc une impression plus profonde et plus durable qu’en beaucoup d’autres lieux. Pour tant de graves raisons, on ne peut

    Quand la Pucelle doit partir pour rejoindre le roi, elle dit à ses compagnons d’armes :

                      Si est le baron de Colunces,
                      Viendra avecq moy, si luy plaist.
                      De par moy luy prie et denonces
                      Que luy et ses gens soient prest,
                      Avecques le sire de Rais,
                      Se c’est son plaisir y venir.
                      Je les en supplie par exprest
                      Compaignie me veullent tenir *.

    (* Vers 14488 et suivants.)

    Le sire de Colonnes accepte, et de Rais dit :

                      Aussi moy, dame, ne doubtez.
                      Faire vueil ce qui vous plaira ;
                      Mes aliez et depputez,
                      Dame, sachez, tout y vendra.
                      Et vostre voloir on fera
                      Du tout en tout, à vostre guise,
                      Et quand vouldrez on partira,
                      En faisant à vostre devise.

                                      LA PUCELLE.

                      Mes bons seigneurs, je vous mercie,
                      Tant comme faire je le puis,
                      De vostre haulte courtoisie.
                      Nobles, vaillans princes gentilz
                      Quant ainsi vous estes soubmis
                      À mes bons voloirs acomplir.
                      Je vous en rens cinq cens mercis
                      Qu’i vous plaist cest honneur m’offrir **.

    (** Vers 14560 et suivants.)

    Le roi l’a reçue ; il demeure avec ses conseillers pour savoir s’il doit s’abandonner à la direction de la Pucelle. Le duc d’Alençon n’hésite pas à conseiller ce parti ; seulement, il veut d’abord qu’on chasse les ennemis loin des bords de la Loire, et qu’on ne marche sur Reims qu’après leur défaite. Gilles de Rais, sur cet avis, prend la parole :

                      Monseigneur a bien propposé
                      Et a dit tout le voir sans doubte ;