femmes vertueuses et pures, au milieu desquelles il était appelé à vivre, auxquelles il avait voué ses affections et accordé toute son estime, lui limitaient le monde moral, où elles auraient pu lui ouvrir de nouveaux horizons, plus que des créatures malheureuses et perverses qui n’avaient pu obtenir que sa compassion, quand il s’était défendu de leur donner son mépris ? Pourquoi encore ces devoirs délicats dont il avait résolu d’occuper sa vie, laissaient-ils son cœur plus aride et son âme plus tourmentée que la longue lutte qu’il avait soutenue avec ses fantaisies et ses passions de jeunesse ?
Alors il entrait en révolte contre lui-même : pourquoi ne reprenait-il pas sa liberté, qu’il lui était si facile de recouvrer ? Que fallait-il ? Rien que rompre avec les hôtes de madame Milbert, sortir, s’échapper. Les prétextes abondent aux hommes pour secouer les entraves du ménage. Mais, s’il franchissait ce pas, c’en était fait du bonheur sérieux et paisible qu’il s’était promis en se mariant. Peut-être était-ce se préparer un avenir plein de troubles et de combats ; car il sentait bien que les rapides distractions de la jeunesse ne lui suffiraient plus.