Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/60

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais j’en sais bien la cause : ce sont des hommes très-sérieux que reçoit ma mère, et vous, vous l’êtes beaucoup moins que vous ne le croyez. Pour vous distraire, il faut vous rapprocher de nous autres femmes.

Félicien sourit.

— Je veux bien, dit-il, ce sera me rapprocher de toi.

Le dimanche suivant, il se plaça derrière Adrienne, qui, avec toutes les dames et deux ou trois jeunes gens, était assise autour de la table où l’on préparait les petits jeux. En attendant, on causait. Après le caquetage des nouvelles du jour, on discuta le prône du matin, et Félicien remarqua que ces dames n’épargnaient point les critiques à leurs pasteurs, quand ceux-ci attaquaient quelques-unes des licences qui leur étaient chères, comme celles d’aller au bal et de s’y montrer dans une demi-nudité, ou lorsqu’ils les rappelaient aux devoirs de probité, de justice, de générosité qui devaient marquer leurs rapports avec leurs subordonnés.

À ce propos, une grande femme brune, d’une ossature masculine, et pourvue d’épais sourcils et d’un large menton, expliqua qu’elle