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nous dirigerions sur Paris. Il parut étonné de cette proposition et me demanda si j’y avais bien réfléchi : N’y aurait-il pas, disait-il, de la dureté de cœur à refuser cette marque d’amitié fraternelle à une femme malheureuse, dans le moment même où elle a le plus besoin de consolations, et surtout de l’appui moral que donne la certitude d’avoir autour de soi des affections dévouées ? Je lui répondis que j’étais très-touchée des peines de ma sœur ; que je voulais même bien me laisser convaincre qu’elle ne se les était point attirées par sa faute ; mais qu’il était un intérêt qui, pour moi, l’emportait sur tout, c’était le soin de ma réputation, et que, dans cette circonstance, il me commandait d’agir avec la plus grande réserve.

« Notre présence, en ce moment, chez Cécile, sera considérée comme un assentiment, une sanction donnée à sa conduite. Or, nous n’avons pas autorité pour cela : vous, parce que vous êtes encore étranger à ces débats de famille ; moi, parce que ma jeunesse me défendrait de me prononcer, lors même que je serais plus instruite que je ne le suis de toutes les circonstances qui détermineront le jugement que l’on portera sur ma sœur. Il y a moyen de