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de furieux délires le jour où Félicien lui annonça que, puisqu’elle se refusait à faire choix d’une résidence, il allait à Paris pour y louer un appartement, et qu’il fallait, avant un mois, avoir terminé leurs préparatifs de départ.

Adrienne ne répondit à son mari que par un regard égaré de douleur et d’effroi. Elle courut chez sa mère, se jeta dans ses bras, se fondit en sanglots :

— Ô ma mère, sauve-moi ! disait-elle. Sais-tu ce qu’il veut ? Me ravir à toi, m’ôter tout ce qu’il avait respecté encore de mon bonheur. Toutes mes illusions de jeune fille, il les a dissipées ; toutes mes joies de jeune femme, il les a détruites, et maintenant il veut nous séparer. Oh ! c’est affreux, je le hais ; il me force à le haïr !

— Calme-toi, mon enfant, calme-toi, répétait madame Milbert, qui aurait voulu apaiser sa fille, mais qui se sentait si pleine de son courroux et de sa douleur qu’elle craignait que les mots qui allaient lui échapper ne démentissent ses bonnes intentions.

— Ah ! ma mère, je sais que c’est mal ; mais laisse mon cœur se dilater dans sa colère : est-ce ma faute si je suis si malheureuse !