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rempli d’attendrissement et de sensibilité, un de ces monarques débonnaires que l’on ne tire de leur nullité que les jours d’apparat, et qui paraissait en ce moment aussi étonné qu’heureux d’avoir donné naissance à cette beauté radieuse.

On trouva les invités, parents et amis, rassemblés en cercle. Adrienne alla vers chacun d’eux, distribua çà et là un baiser, un sourire, une poignée de main, et gratifia en passant d’une œillade discrète celui qui n’était que son fiancé et qui allait devenir son époux. Quelques instants plus tard, on vint annoncer que la voiture de mademoiselle Adrienne était prête. La jeune mariée monta dans une élégante calèche blasonnée au chiffre de sa mère, s’y installa avec la même aisance, la même sérénité qui avait jusqu’alors présidé à tous ses mouvements. Son maintien était droit et ferme ; elle surveillait sa toilette sans paraître s’en occuper ; elle avait le sourire fermé de l’orgueil, l’œil ouvert par un trait vif, et elle dominait tous les hommages par sa placidité victorieuse.

Quand on donna le signal du départ, Félicien Dautenay, l’heureux élu auquel on allait livrer ce trésor charmant, causait depuis un quart d’heure avec un ami de jeu-