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L’inexpérience d’Adrienne Dautenay ne connaît point ces hésitations : au début du livre, elle se marie, engageant sa foi à un philosophe, à un incrédule, avec une intrépidité aveugle qui dénote une plus grande force dans ses préjugés, une plus grande opiniâtreté dans son orgueil de croyante. Sibylle et mademoiselle de la Quintinie sont de religieuses jeunes filles, Adrienne Dautenay est une femme dévote.

Encore un mot, pour terminer ce rapprochement que les circonstances nous imposent, mais qui n’est point un acte de suffisance.

Sibylle et mademoiselle de la Quintinie sont venues à une heure favorable ; cette heure est-elle passée ? Adrienne Dautenay aura-t-elle perdu son actualité et son opportunité ? Malheureusement pour notre état social, non ! Aujourd’hui, comme il y a quatre ans, plus qu’il y a quatre ans peut-être, l’homme et la Révolution sont d’un côté, la femme et l’Église sont de l’autre. Ce divorce fatal, qui s’aggrave par un dédain réciproque, où toute confiance est ruinée, doit arriver, par l’isolement auquel il condamne chacun des époux, à produire les plus déplorables effets de démoralisation, en abandonnant l’homme aux caprices passionnés de son imagination et de ses sens, et la femme aux duretés de son intolérance, aux folies de sa vanité.

Mais le remède ? dira-t-on. M. Quinet vous répondra : Guerre à outrance entre la Révolution et le