— Vous le savez bien, madame, c’est impossible ! Il faudrait tout lui sacrifier : sous son apparente douceur, il est si absolu ! Si je faiblissais, il se substituerait à mes sentiments de piété, à mon respect filial ; je ne parle pas de ma considération dans le monde, dont il ne fait aucun cas.
— Gardez-vous de rien changer au fond de vos principes : quand je vous engage à chercher à établir l’union d’esprit entre votre mari et vous, c’est pour que vous preniez sur lui un ascendant dont vous êtes digne.
— Félicien n’aide pas à ce rapprochement : il exagère sans cesse l’audace de ses pensées par celle de ses discours.
— Peut-être une légère concession l’apaiserait-elle ; aimez quelque chose qu’il aime.
— Il n’aime que la science et les livres.
— Et les arts, et le théâtre, et les voyages ? ajouta madame de Nerville en souriant. Mais, puisqu’il aime tant les livres, prenez-le par son faible. Quels sont ceux qu’il préfère ?
— Tous. Oh ! je ne le suivrai pas dans ses lectures.
— Enfin, n’en connaissez-vous pas quelques-uns que vous puissiez lire sans ennui et sans