car Adrienne était sa sœur par l’habitude, sinon par le sang. Mais ce qui la rendait plus coupable encore à ses propres yeux, c’était la violence même de cette passion subite. Quoi ! elle aimait sans en être sollicitée, et son amour allait au-devant des vœux de son amant ! Quelle humiliation ! Se sentant toutes les ardeurs, elle se courbait sous toutes les hontes.
Tandis que Cécile se vouait aux tourments d’un amour coupable, que Félicien, maître encore de lui-même, se tenait prêt à lutter de nouveau contre toutes les influences qui menaçaient son bonheur, Adrienne s’abandonnait au plaisir d’épancher ses confidences, c’est-à-dire de dresser un perpétuel réquisitoire contre son mari. Madame de Nerville l’encourageait à la fois par son attention infatigable et par sa souple complaisance à entrer dans ses opinions. Cette complaisance avait d’autant plus de prix qu’elle ne dégénérait point en fadeur, étant relevée par les saillies d’un esprit mordant, mais discret, qui, en lançant ses traits, savait toujours conserver quand il le voulait l’à-propos et la mesure. À la vérité, Adrienne ne saisissait pas l’ironie qui se mêlait quelquefois à certaines approbations. Dans la joie que lui