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sorte de perplexité méditative, elle ajouta, en manière d’éclaircissement :

— C’est ce que tout le monde savait dans le temps que la vertu voulait être aimable, et que le péché ne mettait point la pruderie devant soi et l’hypocrisie derrière.

Cette conversation causa une vive impatience à Félicien ; le sujet lui en déplaisait. C’était bien assez que de s’y être arrêté une fois avec Alphonse Morand. Puis il se demandait quelle sorte d’influence madame de Nerville devait prendre sur les jeunes femmes qui l’approchaient ? Comment Adrienne lui avait-elle livré, même passagèrement, sa confiance ? Il avait compté sur son séjour à Paris pour rectifier quelques-uns de ses préjugés, et maintenant il craignait qu’elle ne subît l’ascendant d’un esprit dans lequel il démêlait, sous sa légèreté séduisante, de la duplicité et de la dépravation.

Félicien se fût bien gardé de rapporter à Cécile un mot de son entretien avec madame de Nerville. Celle-ci ne fut pas si discrète : elle lui en laissa deviner ce qui ne la compromettait pas elle-même. Il en résulta que la jeune femme fut tourmentée par la pensée que M. Dautenay la blâmait de souffrir les assiduités de son ami.