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CHAPITRE III.

— Et comment est-il si hardi, s’écria Richard, de venir chasser dans cette forêt, sans mon consentement ? Par la foi que je dois à Dieu, je ne le souffrirai pas ; je veux lui parler, et savoir de sa bouche qui il est. — Sire, vous êtes mon maître, je vous conduirai vers lui.


Amys, se dit Richard, par fine amour t’en proy.

Alors l’écuyer mena le duc devant une épine où se tenait Hellequin. Richard, dès qu’il l’aperçut, lui demanda qui l’avait fait entrer dans cette forêt sans en avoir obtenu congé ? — Dieu, répondit Hellequin, qui nous a ordonné de la parcourir toute la nuit.

Tant auons cheminé estant esmerveillés,
Que trestous nous en sommes honny et traueillez.
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Si souffrons-nous chascun tant d’angoisse et de peine,
Que pas ne le pourroit-on dire en la semaine[1].

En parlant ainsi, Hellequin descendit de l’épine, et s’assit sur un drap de soie que le sénéchal avait étendu à terre. Richard s’informa où Hellequin et ses gens s’étaient pourvus du corps dont ils étaient revêtus. — Ils lui répondirent :

· · · · · Que quant errer deuoyent,
Par le vouloir de Dieu maintes choses trouuoyent[2].

— Pouvez-vous savoir si je dois vivre long-temps, s’empressa encore de demander le duc — Je n’en sais rien ; mais je prévois qu’il vous faudra brader grand nombre de périls ; cependant, ni amis, ni ennemis n’auront jamais pouvoir sur vous. Richard entendit cette prédiction avec une grande joie. L’entretien terminé, il allait reprendre son chemin ; mais

  1. Roman de Richart
  2. Roman de Richart