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CHAPITRE XXIV.

Et, quand ce vint pour le coucher,
L’Anglois la voulut déchausser :
— Éloigne-toi, retire-toi, franc traître anglois,
Jamais homme n’y touchera, s’il n’est François. —

Et, quand ce vint sur la minuit,
Elle fit entendre grand bruit,
En s’écriant avec douleur : — Ô Roi des rois.
Ne me laissez entre les bras de cet Anglois. —

Quatre heures sonnant à la tour,
La belle finissoit ses jours,
La belle finissoit ses jours d’un cœur joyeux,
Et les Anglois y pleuraient tous d’un cœur piteux.[1]

Pourrions-nous mieux terminer un livre particulièrement consacré aux souvenirs patriotiques et populaires, que par ce chant tout empreint d’un énergique patriotisme, et dont le peuple se complaît encore à ranimer ses préjugés de nationalité ? Au reste, si nous discontinuons ici notre œuvre, ce n’est pas que les matériaux nous manquent pour lui donner de plus amples développements. Une raison seule de convenance littéraire nous engage à suspendre notre travail : ce recueil ayant acquis des dimensions au moins suffisantes pour que la matière en soit bien connue et facilement appréciée des lecteurs, il nous paraît à propos, maintenant, de consulter le goût et l’opinion du public, avant de nous aventurer encore dans ces curieuses recherches qui nous ont procuré tant de jouissances intelligentes, mais dont nous avons à craindre que le résumé, transmis par notre plume, ne perde beaucoup de son naïf attrait et de son sérieux intérêt. Nous attendrons, à cet égard, la décision de nos juges, avec cette tranquille résignation que donne la conscience d’avoir employé, au succès d’une entreprise de choix, toutes les ressources de la persévérance et de la bonne volonté.


FIN.
  1. Communiqué par M. Thinon, avocat.