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CHAPITRE XXIV.

inspirait à ceux qui invoquaient sa protection le courage nécessaire pour braver les vaines illusions de la peur, mais il leur offrait aussi son aide pour vaincre les mystérieux dangers vis-à-vis desquels les forces humaines eussent été impuissantes[1].


l’if de tourville.


À Tourville, se trouve un if, dont l’ombrage enchanté fait perdre au voyageur toute possibilité de retrouver sa route, et tout désir de la poursuivre. Celui qui s’assied sous cet arbre, s’abandonnerait bientôt à un far niente éternel, si quelque passant charitable ne se mettait en peine de rompre le charme. Ne croyez pas qu’il suffise, pour réussir dans cette entreprise, de changer seulement l’ensorcelé de place ; car celui-ci, tiré violemment de son sommeil magique, ne manquerait pas de rouer de coups l’importun qui l’aurait troublé. Mais, comme les miracles les plus difficiles s’opèrent toujours en vertu des moyens les plus simples, si l’on a le soin de mettre d’abord un de ses propres vêtements à l’envers, on sera, grâce à cette précaution, tout-à-fait apte, en évitant les coups, à se rendre maître du sortilège[2].


le mouton de bouteilles.


S’il vous arrivait de visiter l’église de Bouteilles[3], vous découvririez sur le maître-autel une sculpture représentant un loup, un mouton et un pieu. Au premier coup d’œil, vous devineriez que cet assemblage compose quelque hiéroglyphe d’une nature très édifiante ; mais, comme vous seriez longtemps à chercher avant de pouvoir en découvrir l’explication,

  1. A. Canel, Revue trimestrielle du département de l’Eure, janvier 1835.
  2. A. Canel, ibid.
  3. Commune de Rouxmesnil-Bouteilles, près de Dieppe.