beau. Au reste, l’exagération de ces récits merveilleux est un témoignage de la haine vindicative dont, à certaines époques. de divisions et de luttes, le clergé a donné malheureusement des preuves assez fréquentes, pour que l’opinion qui lui attribue ce trait de caractère soit devenue indestructible, et qu’elle ait conservé jusqu’à nos jours force de préjugé.
À la suite de la brillante croisade dans laquelle se signala
le duc Robert, les princes chrétiens, qui s’étaient emparés
de Jérusalem, voulurent élire parmi eux un roi de cette ville.
Les voix étaient divisées principalement entre le comte de
Toulouse, le duc Godefroy de Bouillon et Robert de Normandie.
Or, pour accorder entr’eux les partisans des divers
candidats, comme pour s’assurer en même temps que le
choix tomberait sur le plus digne, on résolut de s’en remettre
à quelque manifestation surnaturelle, et l’on supplia le Très-Haut
de ne pas se refuser à un miracle que réclamaient des
cœurs soumis et des esprits de bonne volonté. En conséquence,
le jour fixé pour l’élection, on fit placer les prétendants
devant le maître-autel de la basilique de Jérusalem,
portant chacun un cierge à la main, et dévotement recueillis
en oraison. Tandis qu’ils se tenaient ainsi dans l’attente, le
cierge de Robert s’éteignit par deux fois, et deux fois une
flamme céleste vint le rallumer. Il n’en fallait pas davantage
pour témoigner de la volonté divine : Robert fut élu roi par
acclamation. Mais, au moment de monter sur le trône de la
cité sainte, le prince normand fut saisi d’un vif regret, en
songeant à sa patrie et au royaume d’Angleterre, dont la
mort de son frère Guillaume-le-Roux semblait devoir lui assurer
la possession. Dédaigneux de l’honneur auquel il avait
été prédestiné, il s’embarqua pour l’Europe, où l’attendait
une cruelle captivité, à la suite de guerres intestines et désastreuses.
À son défaut, Godefroy de Bouillon fut couronné