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CHAPITRE XIX.

plia Marcouf qu’il voulût bien lui pardonner. Marcouf était trop charitable pour n’être pas accessible à cette demande ; il s’approcha du mourant, ramassa ses entrailles et les remit en leur place, puis le rendit à la vie, ne lui imposant d’autre punition que de porter à jamais la cicatrice de cette horrible blessure.

Saint Marcouf revint mourir à Nantes. Sous un de ses successeurs, l’abbé Bernuin, eut lieu une translation de ses reliques, que l’on destinait à un sarcophage plus riche que celui où elles avaient été déposées d’abord. L’abbé Berluin supplia saint Ouen, alors évêque de Rouen, de venir présider à la translation de ces saintes reliques. L’illustre prélat se rendit à la demande qui lui était faite, et, aussitôt après son arrivée, procéda à l’ouverture du tombeau. Chacun fut frappé d’admiration en retrouvant le corps du saint en son entier ; ses chairs, à la vérité, étaient consumées, mais la peau était demeurée attachée sur les os, et le visage semblait avoir conservé, avec l’animation de la vie, une expression de radieuse sérénité. La vue de ces belles reliques excita la pieuse convoitise de saint Ouen ; il demanda aux frères la permission d’en emporter une partie, et, comme dans sa pensée il fixait déjà son choix sur la tête du saint, un rouleau de parchemin descendit du ciel, et glissa, en se déployant entre les mains de l’illustre prélat, qui put lire ces paroles : « Prends ce que tu voudras des membres du bienheureux Saint-Marcouf, mais garde-toi de t’emparer de sa tête. » Cet avertissement du ciel fit penser à saint Ouen que ce trésor de sanctification ne lui était point réservé, et, non seulement il respecta la tête, mais il n’emporta même aucune autre partie du corps. Ainsi les reliques de saint Marcouf demeurèrent au milieu des religieux de Nantes, jusqu’au moment de l’invasion des Normands, époque où elles furent transférées à Meudon.


légende de saint germer.


Lorsque saint Germer, un des principaux conseillers du roi Dagobert, était encore mêlé à la vie du siècle, il avait fondé,