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CHAPITRE XIX.

maladie assez grave pour mettre leurs jours en danger. Ils eurent alors le bon esprit de reconnaître leurs fautes ; ils envoyèrent une députation à saint Gerbold, et lui firent remettre son anneau pastoral, qu’un de leurs concitoyens avait retrouvé dans le ventre d’un poisson. Le vénérable évêque reconnut, à ce signe, que la volonté de Dieu était qu’il se réconciliât avec son église : il avait fait vœu, en effet, de ne reprendre le gouvernement de son diocèse que le jour où l’anneau, qu’il confiait aux profondeurs de la mer, lui serait rendu. La présence du saint pasteur apporta la santé au troupeau malade ; mais, en dépit de la remise de leur péché et de l’exemption de leur pénitence, les Bayeusains n’ont pas cessé d’être qualifiés. avec mépris, de clichards ou foireux, par tous les habitants des pays qui les avoisinent[1].


légende de saint-marcouf.


Saint Marcouf est encore présentement un des saints les plus populaires de la Basse-Normandie. Cette circonstance s’explique facilement, car, si nous en croyons la légende, peu de nos premiers apôtres ont eu, sur les puissances infernales, une influence plus agissante que la sienne. C’est à saint Marcouf que le Cotentin dut la fondation d’un monastère, jadis très célèbre, mais qui ne survécut point aux premiers ravages des Normands. Wace a fait allusion à la destruction de cet établissement religieux, dans les vers suivants ;

À saint Marcof en la rivière
Riche Abéie ert è planière ;
Nantes à cel jor aveit non
Tote la contrée d’environ :
Hastainz è Bier la gasterent
Roberent la, poiz l’alumerent.[2]

  1. Pluquet, Contes populaires de l’arrond. de Bayeux, p. 18.
  2. Wace, Roman de Rou, t. I, p. 20, v. 394.