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CHAPITRE XVII.

a été constatée par un des penseurs les plus profonds entre ceux dont notre siècle s’honore. Faisant allusion à l’époque où ces récits commencèrent à se multiplier et à circuler avec le plus d’activité, époque que l’on peut fixer au sixième siècle, M. Guizot s’exprime ainsi : « Le spectacle des événements quotidiens révoltait ou comprimait tous les instincts moraux de l’homme ; toutes choses étaient livrées au hasard, à la force ; on ne rencontrait presque nulle part, dans le monde extérieur, cet empire de la règle, cette idée du devoir, ce respect du droit, qui font la sécurité de la vie et le repos de l’ame. On les trouvait dans les légendes[1]. »


légendes de l’abbaye de saint-wandrille.


Saint-Wandrille, ou Fontenelle, dont le gracieux nom s’allie si parfaitement avec toutes les idées sereines que doit éveiller le souvenir d’un des plus beaux et des plus illustres monuments de la vie religieuse, fut le second monastère érigé en Normandie ; celui de Saint-Ouen de Rouen étant le premier. C’est sous le règne de Clovis II, en l’année 685, que l’abbaye de Fontenelle prit naissance ; elle eut pour fondateur le saint dont elle a depuis emprunté le nom.

Saint Wandrille était né à Verdun, de parents illustres ; il descendait même des rois de France, par son aïeule Blithilde, fille de Clotaire I. Ce fut par des expériences réitérées et diverses de la vie monastique, c’est-à-dire en résidant tour-à-tour dans les maisons religieuses les plus célèbres à cette époque, qu’il se prépara à l’importante mission de fondateur, qui devait compléter sa carrière religieuse. La grande renommée de saint Ouen attira saint Wandrille vers la Neustrie. Lorsqu’il se fut présenté au glorieux évêque de Rouen, celui-ci jugea à propos de lui conférer l’ordre de la prêtrise. Les grâces du nouveau ministère auquel saint Wandrille avait été élevé lui inspirèrent un redoublement de zèle pour la vie monastique. Bientôt il

  1. Guizot, Cours d’histoire moderne, t. II, p. 159.