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MONUMENTS DRUIDIQUES.

au-dessus du vallon où coule la Filaine, dans la commune de Vignats, on trouve un menhir, en forme de pyramide, que l’on a nommé la Roche aiguë ou Cheminée au Loup[1].

M. de Caumont désigne les communes de Culey-le-Patry et de Mesnil-Ozouf comme possédant un ou plusieurs menhirs, dont il ne donne pas la description. La Pierre de Colombiers-sur-Seule, objet encore aujourd’hui du culte secret des jeunes filles, est un des monuments les plus remarquables du Calvados ; la hauteur de ce monolithe est de deux mètres et demi. Quelques fouilles, pratiquées dans son voisinage, ont amené la découverte de plusieurs tombes renfermant des squelettes[2].

Dans le département de l’Eure, sur la commune de Neaufles, entre Lyre et Rugles, se trouve un menhir de trois mètres d’élévation, que le vulgaire a surnommé Pierre à affiler de Gargantua, parce que ce géant s’en servait pour repasser sa faux[3]. À Damville, département de l’Eure, on a observé un menhir dit la Pierre lée. Remarquons, en passant, que cette syllabe : lée, qui accompagne et termine un grand nombre de surnoms appliqués aux monuments druidiques, tels que Pierre couplée, Pierre couverclée, Pierre courcoulée, est un mot celtique qui signifie pierre plate[4]. Ainsi, en appelant le menhir de Damville Pierre lée, le peuple commet un pléonasme qui nous fournit une nouvelle preuve de son respect aveugle et obstiné pour la tradition. Dans la commune de Triqueville, et vers la commune voisine de Saint-Germain, le sol recouvre les ruines d’une habitation féodale. Cet emplacement se nomme la Bonnerie ou le Manoir. Le peuple a gardé le souvenir qu’il s’y trouvait autrefois une énorme pierre, que l’on doit supposer d’origine druidique, qui fut

  1. F. Galeron, Statistique de l’arrond. de Falaise, t. II, p. 161.
  2. De Caumont, Cours d’Antiquités monumentales, t. II, p. 67.
  3. Aug. Leprevost, Notice archéolog. sur le départem. de l’Eure, p. 15.
  4. Vaugeois, Mémoire sur la pierre couplée de la forêt de Saint-Sever ; (Mém. de la Société des Antiq. de Normandie, 1825, p. 169 et suiv.)